Ousmane héritera de son père la rigueur, le sens du devoir et un esprit libre
Ousmane Sow est né à Dakar. Il grandit à Reubeuss, un des quartiers les plus difficiles de Dakar. Ou en dehors de toute attente, il recevra une éducation stricte au cours de laquelle son père le responsabilisera dès son plus jeune âge. Il héritera de lui, d’ailleurs la rigueur, le sens du devoir et un esprit libre. À la mort de celui-ci, et malgré un immense attachement à sa mère.
Il décide de partir pour Paris, sans un sou en poche. Tout en pratiquant probablement, des petits « boulots », et après avoir renoncé à suivre l’enseignement de l’école des beaux-arts. Il passe un diplôme de kinésithérapeute contre toute attente.
Sculptant depuis l’enfance, c’est seulement à l’âge de cinquante ans qu’Ousmane fit de la sculpture son métier. Le fait d’avoir été kinésithérapeute aussi longtemps, n’est sans doute pas étranger à son sens éclairé de l’anatomie que l’on trouve dans son œuvre. Durant toutes ces années d’activité, il transforme
la nuit son cabinet médical et ses appartements successifs en ateliers de sculpture, détruisant ou abandonnant derrière lui les œuvres qu’il crée.
Pour Ousmane cette matière est pour lui une œuvre en elle-même
Forcé de constater qu’il sculpte sans modèle. Sa matière, il l’invente. En une savante alchimie, il laisse macérer pendant des années différents matériaux et produits savamment se transformer. Cette matière est pour lui une vie qu’il crée. Une matière qui le rend presque aussi heureux que la naissance de sa création . Il l’applique sur une ossature faite de fer, de paille et de jute, laissant à la nature et au matériau sa part de liberté, ouvrant la porte à l’imprévu.
Ainsi, en 1999, avec l’aide et le talent des fondeurs et patineurs de Coubertin, il choisit le bronze. Le choix de ce matériau permet de magnifier son œuvre. Son souhait d’utiliser cet alliage est de faire voyager ces sculptures dans le monde comme l’a fait l’Oba du Bénin, selon la tradition. L’Oba faisait fondre en bronze la tête de ses ennemis décapités pour les envoyer à leurs fils en guise de menace le jour où ceux-ci accédaient au pouvoir. Le bronze classique africain est donc la réplique d’un original vivant, un métal issu de la chair. L’oeuvre d’Ousmane est politique ses créations sont des messages forts. Il met le pays, ou les décisionnaires devant leur actions tout en demandant réparation.
C’est à l’âge de 50 ans qu’Ousmane fit de la sculpture son métier
Ousmane Sow a travaillé en étroite coopération avec la fonderie de Coubertin, située à Saint-Rémy-les-Chevreuse dans les Yvelines. En moins d’une décennie, plus de quarante bronzes dont plus de vingt œuvres monumentales ont été créés dans cette fonderie. Les ouvriers de la fonderie ont démontré l’étendue de leur talent pour que dans le bronze se retrouve l’aspect si singulier de sa mixture et les couleurs de ses pigments. Ousmane a écrit d’ailleurs : « le mimétisme entre les sculptures originales et les bronzes est troublant ».
Il a réalisé ses premières fontes à partir de ses premières œuvres : « la Danseuse aux cheveux courts » et : « Le Lutteur debout » de la série des Nouba : « La Mère et l’enfant « de la série des Masaï. Ces trois pièces furent présentées pour la première fois au musée Dapper.
Certaines de ces pièces sont visibles dans des villes sur des sites prestigieux. Genève expose en son centre : « L’Immigré ». Le conseil général des Yvelines détient une sculpture monumentale représentant : « le Général de Gaulle » commandée pour le quarantième anniversaire du département. « Nelson Mandela » est sculpté dans une tenue de gardien de but de l’Afrique pour écarter de la main droite tous les chefs d’États africains corrompus. Cette statue sculptée en 2009 est située au siège de la Compagnie Française d’Afrique Occidentale à Sèvres (Hauts-de-Seine). « Le Guerrier debout » est un bronze de plusieurs couleurs installé près de la gare d’Angers. Un bronze de : « Toussaint-Louverture » a été installé au printemps 2015 dans la cour du musée du Nouveau Monde à la Rochelle.
La vie d’Ousmane Sow et son œuvre sont profondément ancrées dans son pays
La vie d’Ousmane Sow et son œuvre sont profondément ancrées dans son pays. Il n’imagine pas sculpter ailleurs qu’au Sénégal. Et, alors qu’il vécut une vingtaine d’années en France, plus rien ni personne ne pourrait lui faire quitter sa terre africaine.
Jusqu’à cette première exposition, organisée par le centre culturel français de Dakar en 1987. On ne connaît rien de sa création, si ce n’est l’extrait d’un film d’animation qu’il a lui-même réalisé. Et d’ailleurs qui mettait en scène des petites sculptures animées. C’est notamment, en 1984, inspiré par les photos de Leni Riefenstahl représentant les Nouba du Sud-Soudan. Que d’ailleurs, il commencera à travailler sur les lutteurs de cette ethnie. Et notamment, réalise sa première série de sculptures. Les Nouba. En 1988, naîtront Les Masaï, en 1991 Les Zoulou, et enfin, en 1993, les Peul.
Ousmane construit sa maison, née de son imagination
C’est en 1991, qu’il achète le terrain sur lequel il construit sa maison, née de son imagination. Recouverte entièrement de sa matière, murs et carreaux, elle représente symboliquement le Sphinx .Et est la préfiguration d’une série qu’il imagine sur les Égyptiens. Notamment, c’est dans la cour de cette maison que naît la bataille de Little Big Horn. Une série de trente-cinq pièces, exposée à Dakar en . En avant-première de l’exposition parisienne au printemps 1999, qui réunit toutes ses œuvres.
En 2001, il confie aux Fonderies de Coubertin, avec lesquelles il continuera à travailler, la réalisation de trois bronzes, à partir de ses originaux : « La Danseuse aux cheveux courts » (série Nouba), « Le Lutteur debout » (série Nouba) et La Mère et l’Enfant (série Masaï). Ces trois pièces ont été exposées au printemps 2001 à Paris au musée Dapper. Cette même année, il répondra à une commande pour le Comité international olympique. Et créera : « Le Coureur sur la ligne de départ ». Aujourd’hui il est installé au musée des Jeux olympiques à Lausanne.
Durant l’été 2002, il réalise, à la demande de Médecins du Monde, une sculpture de : « Victor Hugo » pour la Journée du refus de la misère. Le bronze de cette sculpture été commandé par Besançon. Elle y a été installée le , place des Droits de l’Homme.
En 2004, il entreprend la réalisation d’une série de petites sculptures Nouba, aboutissement de la série des grandes sculptures Nouba réalisées en 1984. Série à laquelle il ajoute de nouveaux thèmes.
« Les Papotes Mystiques » et Médiations et Soin Guérisseur