Il faut parler des actions positives, poser les vraies questions
Quand nous avons rencontré Jane Goodall il y a 2 ans, nous lui avons demandé comment faire pour sensibiliser le grand public à l’urgence environnementale. Elle nous avait répondu : « Il faut parler des actions positives, poser les vraies questions. C’est si important. Si vous ne reportez que les mauvaises nouvelles, s’il-vous-plaît, faites-en sorte de mettre aussi en exergue les belles choses. Il y a tant d’actions qui sont menées. » Finalement, est-ce que ce n’est pas par l’espoir que les messages pourront le mieux passer ?
Non pas du tout, je m’inscris totalement en faux par rapport à ça ! Je pense que la grande majorité des habitants de cette planète n’ont absolument pas commencé à comprendre l’ampleur de la catastrophe (Cliquez sur le lien Par.1 Aurélien Barrau) dans laquelle nous nous trouvons.
Je suis désolé mais quand on découvre un camp de concentration, on ne se dit pas « oh regardez une petite fille est encore vivante dans un coin ! », non, on se dit qu’il y a surtout un tas de cadavres et c’est ça qui doit nous faire agir. Je ne suis pas du tout d’accord avec l’optimisme de principe.
Notre incapacité à poser les questions de fond
Cela dépend comment on le prend, si c’est « ce n’est pas si grave, il ne faut pas perdre espoir » ce sont des sottises, la situation est dramatique. C’est la plus grande crise de notre histoire, il faut le marteler ! On n’a pas commencé à le comprendre ! Il faut absolument être alarmiste car c’est être réaliste. Il s’agit quand même de la perte d’un million d’espèces dont peut-être la nôtre… Si cela n’est pas alarmant, je ne vois pas ce qui l’est.
Là où je suis peut-être un peu d’accord avec elle c’est sur le fait que ce qu’il faudrait faire pour améliorer la situation n’est pas forcément triste ! Pour moi l’écologie ce n’est pas du tout castratrice, au contraire ! Il s’agit de retrouver de nouvelles libertés et réjouissances, autrement plus fondamentales que la surconsommation. Mais strictement rien ne va en ce sens à l’échelle globale.
Chaque année on pollue de plus en plus, chaque année on tue de plus en plus d’animaux dans des fermes d’usines, il y a quelques bonnes actions mais l’évolution tendancielle est de pire en pire… Notre incapacité à poser les questions de fond et à comprendre que nos constructions suicidaires sont réfutables me sidère.
Comment votre esprit passe-t-il de ces expériences de pensée aux questions écologiques
Si beaucoup vous connaissent pour votre engagement écologique, vous êtes avant tout astrophysicien. Votre activité principale repose essentiellement sur des expériences de pensée. Comment votre esprit passe-t-il de ces expériences de pensée aux très concrètes questions écologiques ?
Je crois que le monde est trop beau et trop vaste pour ne l’appréhender que par un unique prisme. J’essaye de pratiquer aussi un peu de philosophie et de poésie. Et cela est vrai pour absolument chacun d’entre nous : nous passons, heureusement, notre temps à jongler avec des systèmes symboliques et cognitifs extrêmement différents. J’aime l’idée de choisir de ne pas choisir.
C’est aussi ce qui me conduit à la conclusion que j’évoquais précédemment : notre pathétique timidité. Qu’il s’agisse de l’écologie mais aussi des innombrables discriminations et injustices, je ne parviens pas à comprendre qu’on remette si peu en cause nos règles et nos valeurs, alors que celles-ci sont totalement arbitraires. Alors que nous les savons intenables et mortifères. Nous nous accrochons probablement à nos conventions économiques et nous négligeons les lois de la physique. C’est gravement inconséquent.
« Les Papotes Mystiques » et Médiations et Soin Guérisseur
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