Maria Sabina la célèbre chamane zapotèque Part.1
9 novembre 2021 / medecine-du-monde
Maria Sabina ouvrait sa porte à tous ces voyageurs blancs
À l’origine de cette ostentation, un important événement médiatique et touristique d’ailleurs, survenu dans les années 1960. Bien qu’aujourd’hui l’affluence des années 1970 ait cédé le pas à un tourisme plus discret. Ce nouvel usage d’un « chamanisme » hors contexte a laissé probablement son empreinte dans la société mazatèque. Maria Sabina est ainsi érigée aujourd’hui comme représentative de pratiques religieuses distinctives et, plus largement, de la culture mazatèque. Au même titre que les honguitos, ces fameux « petits champignons ».
Elle constitue sans aucun doute, une sorte d’objet média sollicité dans les relations entre les autochtones et les étrangers. Après que le maire de son village lui ait demandé d’initier aux champignons Robert Gordon Wasson anthropologue, Maria Sabina a continué notamment d’ouvrir sa porte à tous ces voyageurs blancs en quête d’une rencontre mystique ( Cliquez sur le lien un article sur le chamanisme).
Wasson dit d’elle, qu’elle était une “femme immaculée, une qui n’a jamais déshonorée son appel en utilisant ses pouvoirs pour faire le mal. Une femme probablement d’une morale et d’un pouvoir spirituel rares, engagée dans sa vocation. Une artiste dans la maîtrise des techniques de sa vocation”.
Femme humble, Maria Sabina a rencontré les honquitos alors qu’elle était enfant
Femme humble, Maria Sabina a rencontré les honquitos alors qu’elle était enfant. Et qu’elle gardait les quelques vaches de la famille avec sa cousine. Affamées, trop souvent, elles cherchaient comment calmer leur faim. Un jour elles les ont trouvé, les ont mangé. Ils ont alors su calmer leur faim… Il n’est pas rare que leurs pères en venant les chercher à la fin de la journée, soient obligés de les porter, car elles étaient en pleine extase… Une initiation faîte sur le terrain.
Maria Sabina raconte dans un livre que maintes fois elle a eu accès au Grand livre de la Médecine. Elle a fait son apprentissage seule, comme bien souvent les chamanes de sa tradition. Elle soignait, savait si un individu était en fin de vie ou comment le guérir. Les honquitos lui révélait le présent et le futur avec exactitude.
Maria Sabina fut bien plus reconnue à sa juste valeur par les « étrangers »
Elle a été respectée par sa communauté malgré des jalousies inhérentes à tout groupe. La plupart était contre la vulgarisation du champignon, ils respectaient de surcroît son côté sacré. Bon nombre d’entre eux, ne voulaient pas initier ces êtres en quête de Dieu… Elle fut bien plus reconnue à sa juste valeur par les « étrangers ».
Dans son village, en effet, les champignons étaient utilisés par le peuple zapothèque en tant que diagnostic. Lorsqu’un individu était malade, les indiens se réunissait, et faisaient une cérémonie. Ils s’en servaient d’ailleurs pour se soigner, et pour les aider à survivre dans des conditions souvent très difficiles.
Ce que les Mazatèques s’attribuent, au-delà de ces figures médiatiques. C’est une sensibilité et une aptitude particulière à communiquer avec l’autre monde. Les rituels chamaniques sont en effet les espaces privilégiés de contact avec les morts. « Il y a un monde au-delà du nôtre, un monde lointain, proche, et invisible. Et c’est là que se trouve Dieu. Là aussi que se trouvent les morts, les esprits et les saints, un monde où tout est déjà arrivé et où tout est déjà connu.
Maria Sabina utilise les hunquitos dans sa cérémonie venue du fond des âges
Ce monde parle. Il possède son propre langage . Je rend compte de ce qu’il dit. Le champignon sacré me prend par la main et m’amène dans le monde où tout est connu (Cliquez sur le lien, un document exceptionnel sur la guérisseuse zapotèque Maria Sabina). Ce sont eux, les champignons sacrés, qui parlent d’une manière que je peux comprendre. Je leur demande et ils me répondent. Quand je reviens du voyage que j’ai fait avec eux. Je raconte ce qu’ils m’ont dit et ce qu’ils m’ont montré. » texte extrait du livre « Plantes des dieux » malheureusement épuisé aujourd’hui.
Ainsi décrit respectueusement la célèbre chamane Mazatèque, Maria Sabina, les pouvoirs divins des champignons intoxicants qu’elle utilise dans sa cérémonie venue du fond des âges. Force est de constater que peu de plantes des dieux ont jamais été autant vénérées que les champignons sacrés du Mexique. Ces honquitos étaient tellement sanctifiés par les Aztèques qu’ils les appelaient Teonancatl (« Chair des dieux »). Ils les utilisaient uniquement lors de leurs cérémonies les plus sacrées. Même si, en tant que champignons ils ne fleurissaient pas, les Aztèques s’y référaient comme à des « fleurs ». Et les indiens qui les utilisent toujours pour leurs cérémonies religieuses emploient des termes affectifs à leur égard tels que « petites fleurs ».
Maria Sabina raconte avoir eu accès au Grand livre de la Médecine
Les champignons sont ramassés dans les forêts lors de la pleine lune notamment par une jeune fille vierge. Puis ils sont ensuite amenés dans une église et déposés brièvement sur l’autel. Ils ne sont jamais vendus sur le marché. Les Mazatèques appellent les champignons Nti-si-tho, dont le « Nti » est une particule de respect et d’affection. Le reste du nom signifie « ce qui jaillit ». Un Mazatèque l’explique poétiquement : « Le petit champignon vient de lui-même, personne ne sait ni où ni quand, comme le vent qui vient, dont on ne sait ni d’où ni pourquoi. »
Le chant de Maria Sabina, qui a été enregistré, étudié, et traduit
La cérémonie dure souvent toute la nuit. La chamane ingère, alors, des champignons hallucinogènes. Elle en donne aussi à ses invités, de manière très précieuse, très codée. Et pendant leurs hallucinations, Maria Sabina chante, danse, frappe dans ses mains (Cliquez sur le lien d’un autre de ses chants), sur son corps pour accompagner cette musique de transe. Elle récite des poèmes qui sortent naturellement de sa bouche et qui sont d’ailleurs devenus célèbres dans le pays… Des poèmes comme : « Je suis une femme qui crie, je suis une femme qui murmure, je suis une femme qui éclaire”.
Elle chante encore (Cliquez sur le lien pour entendre son chant) pendant des heures, en tapant souvent dans ses mains ou sur ses cuisses, en rythme avec le chant. Le chant de Maria Sabina, qui a été enregistré, étudié, et traduit, proclame en longueur et humblement ses qualifications. Notamment pour soigner et pour interpréter les pouvoirs divins à travers les champignons. Des extraits de ses chants, tous dans la langue tonique et magnifique des Mazatèques, donnent une idée de ses nombreuses « qualifications ».
Femme qui tonne je suis, son de femme je suis
Femme-araignée je suis, femme-colibri je suis
Femme-aigle je suis, femme-aigle importante je suis
Femme-tourbillon dans le tourbillon je suis,
Femme d’un endroit sacré et enchanté je suis
Femme des étoiles filantes je suis.
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Tags: affichage illégal , Champignons Sacré , Femmes chamanes , Hunquito , Maria Sabina , Mexique